«La violence urbaine est plus que la violence, parce qu’elle signifie la fragilité de l’auto-affirmation du groupe social. L’état de nature est le lieu de tous les dangers et les hommes y sont égaux dans la vulnérabilité (…) Le pacte social, c’est le renoncement à l’usage de la force, sous la condition que les autres y renoncent aussi. On comprend donc en quoi la violence urbaine est une surviolence : elle signifie l’intrusion du péril au sein même du lieu qui devait en garantir l’absence. Aussi la violence urbaine suscite-t-elle des réactions émotionnelles complexes et profondes : l’effroi que provoque tout spectacle de l’agression physique s’y double de la peur archaïque de l’état de nature.»  

Art et violence urbaine, Carole Talon-Hugon